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jeudi 5 mars 2015

TEMPS DUR POUR LA CULTURE

Uma Thurman - Pulp Fiction
Récemment, j'ai partagé un article du Vanity Fair sur les réseaux sociaux qui retraçait l'histoire de la production du film Pulp Fiction de Quentin Tarantino.
Celui-ci s'intitulait  20 ans après la Palme d'Or de Pulp Fiction .

Ce qui m'a particulièrement saisi dans ce papier, c'est la méthode de mise en marché du film à la suite de sa nomination à Cannes. Pulp Fiction venait d'être sacré meilleur film de l'année et déjà, il était un mythe. Car seuls quelques privilégiés avaient pu le voir lors de projections privées. Ensuite, le film fut mis à l'écart tout de suite après le festival pendant plusieurs mois. C'est ainsi que Pulp Fiction est devenu une légende. Le bouche à oreille a fait son oeuvre. Tout le monde en avait entendu parler et tous étaient disposés à le voir.

Bien entendu, il s'agit d'un très bon film. Et à l'époque, le style de Tarantino avait bouleversé la manière de réaliser des films indépendants. Désormais, grâce au génie créatif de l’auteur, un film à petit budget pouvait exploser d'originalité et faire sauter la baraque. Même s'il s'est battu pour réussir à obtenir du financement, le jeune réalisateur qu'était Tarantino à ce moment, a bénéficié d'une grande ouverture d'esprit de la part de son entourage pour réussir à obtenir de l'argent et tout mettre en oeuvre.

Dans le même ordre d'idées, songez à ce qu'on fait les créateurs de
Blair Witch Project pour la mise en marché initiale de leur film... En y regardant bien, vous constatez qu’elle s'est avérée géniale !  Et elle a permis au film de devenir très populaire un peu partout dans le monde !


The Blair witch project

Ce qui m'a fait penser à notre système de financement du cinéma au Québec et au Canada : les restrictions imposées aux créateurs pour répondre aux exigences culturelles lors du dépôt d'un projet sont nombreuses et contraignantes, tant au niveau du contenu qu'au niveau du casting. Sans parler des coupures qui se révèlent de plus en plus abyssales.

Nous avons pourtant tout le potentiel créatif pour réaliser du contenu original. Et je comprends qu'on veuille protéger nos artisans. Mais si pour répondre aux traits d'un de ses personnages, un réalisateur aspire à l'emploi d'un acteur venu d'ailleurs, j'aimerais qu'on lui accorde cette liberté de pouvoir l'embaucher. Il me semble que ce genre de consentement déploierait davantage les perspectives de notre cinéma… Sans doute permettrait-il une stratégie de mise en marché plus vaste et plus audacieuse ? 

Si un tel sujet vous intéresse, allez voir Le blogue de Luc Dupont
Le 10 février, ce dernier transmettait sur son blogue un article traitant du marketing du film Fifty Shades of Grey. Je vous invite à lire cet article fascinant qui décrit l'immense succès de cette histoire de soft porn qui fut d'abord un roman pour devenir ensuite un blockbuster.

Fifty Shades of Grey

En terminant, je profite du sujet pour signaler que l'édition de mars 2015 du magasine l'Actualité décrit la recette entreprise par les Coréens pour promouvoir leur culture. Il semblerait que leur stratégie fasse partie d'un plan national ! Entendez-vous Monsieur Harper ?!? Et il semblerait qu'elle fonctionne !  De plus, on dit qu'elle contribue à créer de l'emploi et qu’elle entraine des retombées dans tout le milieu culturel et vers d'autres domaines. 

À la suite de tout cela, je m'interroge : qu’elles sont les méthodes de marketing pour propager notre cinéma mis à part ce qu'on voit sur nos écrans, nos panneaux publicitaires et nos imprimés ? Plutôt que de nous affaisser devant l'aplanissement de notre culture et les exigences castratrices de notre système de financement, que pourrions-nous faire ?

Afin de mieux faire connaître les artisans du cinéma d’ici, nos bailleurs de fonds publics et distributeurs devraient-ils s’inspirer de ces méthodes de marketing novatrices plutôt que de les cloisonner dans un conservatisme oppressant ?

Espérons que les présents échanges culturels entre la France et le Québec élargiront les perspectives de notre cinéma pour l’entrainer vers de nouveaux horizons.